Le grand Tour Courbet !

Chose promise, chose due, voici le récit de mon grand transit réalisé fin mai. Un Tour Courbet que j'ai réalisé sur 2 semaines pendant lequel j'ai pu effectuer des missions diverses que cela soit dans le cadre de ma mission ECOBIO ou plutôt dans un aspect logistique pour assurer l'inventaire des cabanes...


L'un des magnifiques paysages à traverser durant ce Tour Courbet @Théo CHATEAUGIRON


  • Du 18 au 23 mai - De Val Studer à Cataractes

Première partie de ce gros transit @OpenStreetMap


Ces 4 jours de repos sur base ont été nécessaires afin de préparer les 2 prochaines semaines où je 
serai en transit. Après plusieurs tours sur la Péninsule Courbet (partie Ouest et Est), nous avons la possibilité de réaliser le tour complet de l’Ouest à l’Est en 2 semaines afin de réaliser le second passage de notre protocole d’études sur les insectes introduits ayant colonisé une bonne partie du pourtour de Kerguelen Ouest (cf. Merizodus soledadinus). La première difficulté concernant l’organisation a été la longue durée de ce transit qui nécessite la rotation de manipeurs. Il n’est en effet pas possible de partir avec 2 personnes pour 15 jours. Un « relais manipeur » est donc mis en place afin de diviser le transit, et donc sa durée, en 3 parties. Pour la partie Ouest du Val Studer à Cataractes (~110 km) durant 6 jours, je serai accompagné par Jean-Philippe (Géophy = Sciences de l’univers), Théo et Mélissa (Ornithologues pour les programmes 109 et 394 de l’IPEV). A Cataractes, je serai rejoint par Manon, Antoine (Tech Telecom) et Eddy (Chaud/Froid = responsable de la plomberie assainissement des eaux de la base). Ces derniers remplaceront Théo, Melissa et Jean-Philippe. Nous ferons le tour Courbet Est classique de Cataractes à Ratmanoff. Puis Théophile (Géophy) finira ce grand Tour avec Manon et moi pour nous rendre à Estacade et la Pointe Morne. 

Ce 18 Mai commence ce grand Tour ! Nous partons vers le Val Studer sous un soleil timide ces derniers jours. C’est la première fois que Théo, Mélissa et Jean-Philippe se rendent dans cette partie de la Péninsule Courbet. De par leur programme scientifique, Théo et Mélissa sont plus fréquemment à l’Est où résident la majorité des colonies d’Oiseaux plongeurs (Manchot Royal, Manchot Papou, Gorfou Macaroni et Gorfou Sauteur ainsi que Cormoran) et d’Oiseaux non plongeurs (Grand Albatros et Albatros fuligineux). Le travail de Jean-Philippe  (entretien du réseau et matériel informatique, relève de données quotidiennes sur les sciences de l’univers et lâchers ponctuels de sondes météo) limite ses déplacements hors base et les transits de ce type. Je suis donc accompagné de manipeurs motivés et heureux de découvrir cette partie de la Péninsule !


Pause goûter "chez Jacky" @Kevin LF

Entrée dans le Val @Théo CHATEAUGIRON


Après les 7 premiers km, nous nous arrêtons pour une pause goûter à la cabane Jacky (cabane rendant hommage à cet hivernant tristement décédé il y a quelques années). Le beau temps nous permet d’aller à une allure progressive et d’entrer dans le Val ensoleillé dont les monts sont dans les nuages. L’entrée dans ce Val revêt toujours un caractère mystérieux et attise la curiosité. A quelques encablures de la cabane, nous faisons un crochet par la cascade cachée. Notre arrivée en cabane se fait sans fatigue apparente. Nous pouvons donc tranquillement prélever le quota de Merizodus qu’il me faut pour l’étude génétique et morphométrique que réalise l’université de Rennes 1 avec le programme SUBANTECO. Le soir venu, nous savourons une des dernières bières bretonnes qu’il me reste autour d’un bon repas. Le repos sera important avant le transit du lendemain où une météo neigeuse et venteuse est annoncée. Avec le Val, nous savons d'ores et déjà que les éléments seront un peu plus déchaînés du fait de l’aspect « couloir » de celui-ci.


La cascade cachée et son ruisseau @Melissa GOEPFERT

Pause photo sous le soleil du Val @Kevin LF

Arrivée à la cabane du Val Studer sous la neige @Melissa GOEPFERT

La nuit est assez agitée. Le vent a largement forci durant la nuit et s’est empalé sur les parois métalliques de la cabane. La température a bien diminué également et une brume masque les alentours au réveil. Il ne fait pas encore totalement jour quand nous nous réveillons pour prendre notre petit-déjeuner et plier bagage. La distance du transit qui nous attend demeure assez faible (15 km) mais le terrain qui y est présent est sûrement l’un des plus difficiles sur la Péninsule Courbet. Ces 15 km sont à effectuer sur un terrain très humide faisant un effet ventouse à chaque mouvement, ce qui me vaudra un bel ensouillage à quelques centaines de mètres de l’arrivée. Ajoutés à cela, le vent et la neige plein face de ce 19 Mai. Nous arriverons assez tard en cabane de Port-Elisabeth, les vêtements humides et la fatigue bien présente ce coup-ci. Ce ne sera malheureusement pas possible de faire tout faire sécher ici, la cabane étant trop petite et mal aérée. La condensation se fait très rapidement. Néanmoins, le paysage à la tombée du jour offre une vue assez incroyable avec des monts enneigés sur 360°. Une fois le protocole appliqué ici aussi, nous ne tardons pas à trouver le sommeil.

Ensouillage dans les règles @Théo CHATEAUGIRON

Notre vue à l'arrivée à la cabane de Port Elisabeth @Melissa GOEPFERT

La cabane sous un manteau neigeux à notre départ @Melissa GOEPFERT


Le lendemain, rebelote ! Cette fois-ci, ce sera exclusivement la distance qui sera difficile car la météo
 sera clémente malgré la forte neige tombée cette nuit. Seule la température se montrera intransigeante, on entre dans les températures négatives à cette période de l’année. Le réveil se fait très tôt. Il convient là aussi de petit-déjeuner rapidement et nettoyer l’endroit avant de se confronter au terrain enneigé et glissant ainsi qu’au dénivelé. La première rivière nous réserve une petite surprise. Elle accélère le réveil grâce à son niveau plus élevé qu’à l’accoutumé et la nécessité de déchausser pour la traverser. Tout ceci sera compensé quelques kilomètres plus loin et quelques centaines de mètres plus en altitude sur le plateau du Larzac puis sur le plateau de Sauveterre avec le panorama qui nous y est offert. Les pauses que nous prenons après une montée abrupte nous offrent des paysages complètement métamorphosés et mystérieux. La sensation d’être sur une terre sauvage et hostile nous revient à la tête. Après un peu moins de 20 km, nous arrivons enfin à la cabane de Baie Charrier. Malgré la possibilité de trouver une once de repos et de confort, nous avons le challenge de nous loger à 4 dans une cabane faite pour 3 personnes. Il faut trouver une certaine synchronisation dans nos déplacements et activités. La fatigue, là aussi présente après 6h de marche, aide à cela.

Une bonne rivière gelée à traverser @Théo CHATEAUGIRON

Départ au lever du soleil @Théo CHATEAUGIRON

La neige modifie les paysages durant notre transit, pour le plaisir des yeux ! @Melissa GOEPFERT

Joli contraste en altitude @Melissa GOEPFERT


Le 21 mai, nous partons pour Rivière du Nord. Nous pouvons compter sur une météo de nouveau 
capricieuse avec de fortes rafales de vent à plus de 100 km/h. Nous les ressentons sur la face Est du Plateau de Méjean à 5 km de la cabane. Certaines protections de pluie (raincover) de nos sacs de randonnée sont mises à rude épreuve et sont retirés des sacs par le vent par moment. Nous devons batailler pour tenir un cap un minimum droit et éviter les souilles qui sont présents en grand nombre à cet endroit. A quelques mètres de la cabane, nous retrouvons la rivière qui force à déchausser de nouveau. Cette fois-ci la fin du transit sera faite en Crocs (oui même s'il est dur de l’admettre, elles sont de précieuses alliées en cabane et lors du passage des rivières). Nous posons nos affaires dans cette cabane pour 2 nuits. Un repos bien mérité après ces derniers jours à marcher sans réellement pouvoir se reposer et profiter des alentours. L’occasion aussi de sortir nos cannes à pếche avec Théo. Bonheur à double tranchant puisque, malgré plus de 5h de pêche à différents endroits de la rivière, aucune truite ne s’approchera des cuillers... L’hiver ayant sans doute un effet sur leur comportement et leur satiété...


Arrivée à la Rivière du Nord, début d'un repos de 2 jours @Théo CHATEAUGIRON

Matinée relax à la Rivière du nord @Kevin LF

Un Grand Albatros et son poussin @Théo CHATEAUGIRON

Au 23 Mai, il est temps pour nous de gagner notre dernière étape de ce tour Ouest. Les 10 km de ce transit nous réserveront la surprise de voir un parent Grand Albatros arrivés à quelques mètres de nous pour nourrir son poussin. Une fois arrivé à Cataractes, il est de temps de dire au revoir à Théo, Mélissa et Jean-Philippe qui retrouveront Port-aux-Français et d’accueillir Manon, Antoine et Eddy pour continuer ce Tour. 


Arrivée pluvieuse à Cataractes @Antoine CIMBE

Au loin, mes premiers camarades de transit s'en vont @Kevin LF


  • Du 24 au 31 mai - De Cap Cotter à Pointe Morne

Voici la seconde partie du transit @OpenStreetMap


A peine le temps de trouver nos marques à Cataractes qu’il est déjà temps de reprendre la route le 
24 mai vers Cap Cotter. Malheureusement, la météo qui était de notre côté jusqu’à présent nous réserve un transit sous la pluie. Celle-ci devant durer toute la journée, nous décidons de plier rapidement bagages et nous résoudre à arriver trempés à la cabane suivante le plus tôt possible pour avoir le temps de sécher nos vêtements pour le restant de la journée. Météo oblige, nous décidons de passer par les terres plutôt que de suivre la côte pour rallier Cotter. Cela nous fait gagner un petit kilomètre sur les 15 km attendus. Nous arrivons à Cotter bel et bien trempés mais heureux de pouvoir nous changer et suspendre nos vêtements dans le module cuisine où la chaleur dégagée par la gazinière devrait sécher un minimum tout cela. Depuis la cabane, nous pouvons apercevoir un océan déchaîné allant de pair avec la météo. Durant la nuit, celle-ci s’est très largement apaisée. Nous partons donc avec une météo beaucoup plus clémente vers Cap Noir ce 25 Mai.


Poussin d'albatros trempé et mer déchaînée @Kevin LF

Fin de journée à Cap Cotter @Kevin LF

Nous pouvons cette fois-ci transiter avec nos appareils photos en bandoulière. Le soleil et les couleurs « automnales » nous font le plaisir de pointer leur nez. Nous en profiterons 2 jours entiers, le temps d'observer des otaries proches de la cabane, des côtes et de réaliser les protocoles. Il était également temps de prendre un jour de repos avant d’aborder l’étape la plus longue de cette partie Est. Ce désormais tant attendu itinéraire Cap Noir – Ratmanoff long de 25 km et présentant le déversoir du lac Marville en son centre est assez redouté. Il faut en effet faire attention aux horaires des marées pour arriver au déversoir lors de la marée basse.

Cap Noir et ses côtes imposantes @Antoine CIMBE

Otaries aux aguets @Kevin LF

Départ aux couleurs automnales vers Ratmanoff @Antoine CIMBE

Le 27, date de départ pour Ratmanoff, la marée basse est prévue à 8h35. Nous partons aux alentours de 6h de la cabane après un petit-déjeuner copieux et le nettoyage des 2 modules: chambre et cuisine. Il nous faut un peu plus de 2h30 pour arriver au niveau du déversoir. Malgré le « faible niveau » de ce dernier, le débit et son volume le plus bas nous forcent à déchausser. Une expérience assez brutale pour nos pieds. La température de l’eau, combinée au débit, anesthésie nos outils de déplacement. Il faut quelques minutes, après un séchage en règle de ces derniers et plusieurs mètres parcourus, pour retrouver une once de sensation. La plage découverte par la marée basse nous offre une seconde partie de transit (un peu plus de 12 km) assez agréable et paisible. Nous arrivons à la cabane de Manchots vers midi. Théophile (Géophy) et Emilie (Géner) nous rejoignent peu après pour partager un bon déjeuner. Le lendemain, le groupe d'Emilie, Eddy et Antoine repart vers Port-aux-Français tandis qu’avec Manon et Théophile nous auront la tâche de réaliser les inventaires vivres des cabanes de Manchots, Estacade et Morne pour le dernier tronçon de ce grand tour Courbet.

Début de l'inventaire en cabane de Manchots à Ratmanoff @Manon BOUNOUS

La colonie de manchots avec la cabane du Guetteur en cours de démantèlement @Kevin LF

Un transit sur la plage entre Ratmanoff et Estacade @Kevin LF

L’inventaire des cabanes permet de trier les aliments trop vieux et d’éliminer ceux présentant quelques anomalies en plus de mettre sur papier le nom des vivres et leurs quantités présentes dans chacune des touques. Celles-ci sont mises à l’extérieur des cabanes et accrochées à ces dernières à l’aide de cordes afin que le vent ne les emporte pas. Il nous fallut un peu moins d’une demi-journée par cabane pour réaliser ces inventaires. Cette manip m'a permis également de découvrir la cabane d’Estacade, qui est le QG des Volontaires en Service Civique et des PopEleph de OP2 (Septembre) à OP1 (Avril). La cabane, donnant sur la plage, permet d’observer un grand nombre d'éléphants de mer venus muer, se reposer et se reproduire après Septembre. Cette cabane, en bois, circulaire offre un agencement optimal et la possibilité d’y vivre et d’y travailler sur du moyen/long terme. 


La cabane moderne d'Estacade @Kevin LF

Après-midi relax dans la spacieuse cabane @Kevin LF


Découverte et inventaire des touques de la cabane d'Estacade @Manon BOUNOUS

Le 30, nous quittons Estacade pour nous rendre vers la Pointe Morne. Nous retrouvons de nouveau une météo pluvieuse. Celle-ci nous lance sur un rythme de marche assez rapide et nous permis d’arriver à la cabane de Morne en moins de 3h (pour réaliser les 15km séparant ces 2 localités). Cependant, nous aurons une mauvaise nouvelle en arrivant. Les 2 Mamintros (de la Réserve Naturelle) ne sont pas là pour nous y attendre. Ils ont dû repartir vers PAF suite à un petit souci médical. Nous seront rassurés de voir leur mot sur la table et leurs offrandes culinaires.

La cabane Morne et ses touques nous attendent pour un ultime inventaire @Kevin LF

Un jour plus tard et le dernier inventaire terminé, nous voici repartis vers la base. Et une fois n’est pas coutume, la météo nous offrira soleil au début et neige sur la fin. De gros flocons  ont tentés de nous bloquer la traversée des 3 rivières présentes sur notre route. Pas suffisants pour nous empêcher de retrouver un groupe venu nous accueillir à quelques km de Port-Aux-Français mais suffisants pour causer un bon refroidissement. Galvanisés par l’accueil, nous déciderons avec Théophile de boucler la boucle de ce grand Tour comme il a été débuté, c’est-à-dire à pied plutôt que de repartir en voiture à l’endroit de la récupération des manips. Le timing fut parfaitement respecté puisque nous arriverons à l’heure de midi sur base. 

Après 2 semaines hors base et 190 km parcourus, il était temps de regagner la douche et de pouvoir laver les vêtements. J’aurai désormais quelques jours sur base pour préparer le prochain gros transit avec Manon vers St-Malo (à l’Ouest de P-A-F), de travailler au labo et de réaliser quelques formations sur base. Le tout avant la Mid-Winter qui arrive à grands pas !

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