Le mois d'octobre s'annonce enrichissant tant au niveau humain que professionnel. Cela tombe bien car à deux mois de mon départ de Kerguelen, je veux profiter au maximum de la richesse de ses îles. Alors je m'investis pour aider mes camarades dans leurs programmes aussi intéressants que le mien…
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| Densité de harem d'éléphants de mer le long d'Estacade @Kevin LF |
- Du 5 au 10 octobre - Relevé des sondes de température
Le 5 octobre, après une prolongation de séjour sur l’île de Mayes (faute de manipeurs disponibles), je retrouve Manon, Emilie (Géner) et Guillaume (Infra = chargé de l’entretien des bâtiments sur base, fraîchement arrivé à OP2) sur l’île d’Australia. Nous nous y rendons après cette trêve hivernale, due à l’entretien du chaland à la Réunion, pour réaliser la relève des données de sondes de températures présentes. Quelques manips d’entretien de la cabane et d’inventaire des vivres sont également à réaliser. Nous commençons par ces travaux d’entretien (retrait à la main des graminées poussant sur la terrasse, mise à jour des pancartes annonçant le nom du lieu sur la façade, entretien de la porte des toilettes sèches). La récolte des données de températures intervient dans un second temps, lors d’une matinée ensoleillée propice à une petite balade. Lors de celle-ci nous avons eu la chance d’observer le Mont Ross en l’absence totale de nuage.
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| Le Mont Ross bien visible sous le soleil // Un magnifique chou de Kerguelen @Kevin LF |
Nous repartons le 10 en effectuant un crochet par Armor (lieu où réside une ancienne activité piscicole) afin de récupérer une autre équipe.
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| Les vestiges de la pisciculture présente sur Armor @Manon BOUNOUS |
- Du 12 au 18 octobre - Des manips et des Hommes
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Le trajet que nous allons effectué avec Manon pour réaliser différents comptages faunistiques @OpenStreet Map
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Du 12 au 18 Octobre, une grosse manip nous attend avec les ornithos. C’est également une de leur plus grosse mission de l’année : le comptage des éléphants de mer en période de reproduction (pic de présence sur les côtes de la péninsule Courbet). Théo et Mélissa doivent effectuer ce comptage de Molloy à Cap Cotter en passant par Pointe Suzanne, Morne, Ratmanoff et Cap Noir. Plusieurs relais de manipeurs sont donc nécessaires. Avec Manon et Mike (chef Centrale), nous serons leurs manipeurs pour Morne et Ratmanoff (tronçon réputé pour contenir la plus grande densité d’éléphants de mer). Nous commençons donc ce comptage le 12 Octobre à 5. La manip est simple : 2 personnes comptent les pachas (mâles possédant un harem, généralement au centre de ce dernier) et les mâles périphériques alors que nous sommes 3 au comptage des femelles (pouvant être plus d’une centaine au sein d’un seul harem).
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| Intimidation d'un pacha, un mâle avec harem, contre d'éventuels mâles périphériques @Kevin LF |
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| Le comptage s'effectue en pleine saison de mise-bas (bonbon devant et femelle au loin) @Kevin LF |
La mission se complique quand les harems s’étalent sur la plage. De plus, certains bonbons (jeunes éléphants de mer) atteignent déjà la taille des femelles, la concentration est donc de mise pour éviter toute bévue. Le fait d’être 3 au seul comptage des femelles limitent le biais observateur (sur-évaluation ou sous-évaluation du nombre). Concernant le transit, c’est également une nouveauté car le rythme est grandement influencé par les harems et allongé par la nécessité de suivre le trait de côte. Ainsi pour un transit de P-A-F à Morne de 15 km qui nécessite un peu moins de 3h, il nous faut 2 à 3h de plus pour atteindre l’objectif. A Morne, nous resterons 3 jours.
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| Comptage des femelles en cours @Kevin LF |
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| Capture d'un affrontement de pachas @Manon BOUNOUS |
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| Les combats pour obtenir ou garder un harem de femelles sont violents @Kevin LF |
Le 13 octobre est consacré à la réalisation du comptage sur plus de la moitié du tronçon séparant Morne d’Estacade (distant de plus de 20 km) : zone à très forte densité de harems. Notre retour à la cabane, après pause déjeuner dans la caisse bois de Pointe-Charlotte, eut lieu en fin de journée tout en effectuant une autre partie de la manip Ornitho : le comptage des colonies de manchots papous (eux aussi en période de reproduction). Mais à l’inverse des éléphants de mer, ces derniers ont tendances à construire leurs nids à l’intérieur des terres dans les zones pentues. Le lendemain, une autre composante de la manip nous met à l’œuvre : le baguage des poussins de grand Albatros (ou Albatros hurleur). Une bague en métal ainsi qu’une bague Darvik (en plastique) possédant un numéro d’identification sont apposées sur chacune des pattes. L’approche consiste à attraper le bec du poussin (ayant quasiment la taille adulte) et à le positionner contre soi (les ailes boquées) afin de présenter les pattes à Théo ou Melissa pour rendre possible la pose des bagues.
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| La taille d'un poussin de Grand Albatros est impressionnante @Kevin LF |
En plus de cela, les mesures du bec (longueur et largeur), de l’aile et la pesée sont réalisées. Cette manipulation est à effectuer sur une trentaine de poussins, ce qui requiert une bonne partie de la journée. Cette première période de manip ornitho est l’occasion de profiter des prémices de la saison estivale (la température est en légère hausse et les averses de neige laissent place aux averses de pluie).
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| Me voici en train de tenir un jeune Grand albatros afin qu'il soit bagué @Kevin LF |
Le 15 octobre, nous partons vers Estacade où seuls les 5 derniers kilomètres présentent du comptage d’éléphants et du comptage de Manchot papou à faire en parallèle. Nous pensions le gros du travail déjà réalisé mais la largeur des plages bordant Estacade favorise une densité énorme de mammifères marins. Le comptage prend beaucoup de temps et demande plusieurs essais tant la dispersion est large. Concernant le comptage des manchots papous, le comptage prend aussi une autre tournure. Les individus sont présents à plusieurs gradients d’altitude et l’étendue des colonies est autrement plus conséquente. Les précautions quant à l’approche sont aussi essentielles. Ces animaux étant très farouches, ils peuvent quitter leur nid, laissant à l’air libre les œufs qui sont convoités par les Skuas rôdant non loin. En chemin, nous croisons l’équipe PopEleph en pleine chirurgie pour la pose d’un capteur cardiaque. Ils nous laisseront la cabane le temps de 2 jours pour terminer les comptages.
Le 16 octobre, nous continuons le comptage jusqu’à la rivière manchots au niveau de la manchottière de Ratmanoff avant de poursuivre le suivi des poussins de manchots royaux. Là encore la recherche des poussins marqués est un travail de tous les instants afin de prendre les mesures et la pesée comme chaque mois.
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| Capture des jeunes manchots royaux @Océane COSSU-DOYE |
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| Les yeux des manchots sont cachés lors des mesures afin de limiter le stress @Océane COSSU-DOYE |
Le 17, nous posons nos affaires à la cabane Manchots avant de continuer le comptage jusqu’au déversoir du lac Marville. Là aussi, il est nécessaire de diviser le groupe en 2 équipes : 2 personnes pour le comptage des manchots papous et 3 autres pour le comptage des éléphants de mer. Le vent et la grêle freineront quelque peu notre progression mais pas suffisamment pour nous empêcher de tout finir en une demi-journée. En chemin, nous avons pu apercevoir une femelle équipée d’une balise GPS (posée par l’équipe des PopEleph en début d’année) : une information qui leur sera transmise en vue d’une récupération plus tard.
Le soir, la cabane est pleine : le relais manipeur pour la suite du protocole comptage est arrivé en plus de la présence des PopEleph et de leurs manipeurs. Trois équipes partent le lendemain: l'une rentre à P-A-F, les Ornithos et leurs deux nouveaux manipeurs continuent le tour vers Cap Noir et Cap Cotter alors que nous repartons vers le Sud et Estacade avec les PopElephs pour une semaine de manip à leurs côtés.
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| Les Skuas sont à l'affût des naissances, notamment pour récupérer le placenta @Kevin LF |
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| Collé-serré dans la cabane Manchots @Sebastien PELLIER |
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