Cap sur le Nord de Kerguelen

Première mission depuis mon arrivée sur Kerguelen, je me rends pour 5 jours au nord de l'île. L'occasion pour moi de me familiariser avec la faune et la flore environnante...


  • 28 Novembre au 2 Décembre 2019 : étape 1

Cette première nuit à bord de La Curieuse fut pleine d’enseignements. Tout d’abord, le passage du Golfe du Morbihan à l’Océan Indien est brutale, ensuite, le lit doit être l’étape succédant directement au dîner. Il a fallu se coucher de bonne heure car le réveil était fixé à 4h du matin le 29 novembre (il fait déjà plus ou moins jour). La Curieuse avait atteint sa 1ère destination (sur 3) : Port-Elisabeth. La mission est simple : récolter une centaine de Merizodus soledadinus à proximité du point de dépôt (effectué en zodiac). Le lever de soleil encore en cours est splendide vue des hauteurs où nous avons trouvé notre spot. A peine le temps de prendre quelques photos qu’il faut déjà ré-embarqué à bord du zodiac pour rejoindre le navire. La seconde destination est à portée de vue.

Débarquement de courte durée à Port-Elisabeth @Kevin LF

  • 28 Novembre au 2 Décembre 2019 : étape 2

Deux heures après Port-Elisabeth, nous arrivons déjà à Port-Couvreux. Ce site est célèbre pour ses anciennes activités de bergers et de phoquiers,  des familles ayant essayé de s'y installer... Sans succès. C’est d’ailleurs dans la portion d’une ancienne maison que se trouve la cabane dans laquelle nous pouvons nous poser, manger et dormir lors de nos transits. Cette fois-ci nous prenons le temps de prendre un petit-déjeuner avant de repartir en quête de nos insectes. C’est la première cabane dans laquelle je me rends lors d’un transit et c’est une belle surprise, tout est pensé pour rendre la vie facile aux "manipeurs" : lits, nourriture (présente dans de multiples touques), radian (chauffage), gazinière, nécessaire médicale, etc. Un livre d’or est à disposition pour les personnes visitant les cabanes. Dans celle-ci des témoignages datent de 1998 !

La cabane (à droite) sur Port-Couvreux / Premier repas en cabane @Kevin LF
Vue de la cabane, la Curieuse au mouillage @Kevin LF

Nous passons 2 jours au mouillage à Port-Couvreux. La mer calme dans cette zone de l’Archipel permet de profiter de l’extérieur à la nuit tombante et des beaux paysages se montrant sous un jour différent. Au 2ème jour, j’aide à la réalisation d’autres protocoles: recherche d’animaux marins à marée basse et aide au programme de conservation du patrimoine.
Pour ce deuxième protocole, différents objets sont empaquetés en vue d’un transfert en lieu sûr à l’abri des intempéries et d’éventuels sources d’amenuisement. La plaque de Bougainville revendiquant la possession de ce territoire par la France est visible sur les abords de la plage. En fin d’après-midi, La Curieuse reprend route vers Port-Christmas...

La plaque de Bougainville / Le paysage en fin de journée se reflète superbement sur l'eau @Kevin LF

  • 28 Novembre au 2 Décembre 2019 : étape 3


1er Décembre, 4h30 du matin : nous sommes plusieurs à être prêts dans le zodiac faisant la navette entre La Curieuse dans la Baie de l’Oiseau et la plage de Port-Christmas. Déjà, la fameuse Arche de Kerguelen est visible depuis le pont. C’est une immense chance de la voir de nos propres yeux et de si près. De plus, la météo est radieuse aujourd’hui. 
Arrivée sur la plage, les manchots royaux et papous se montrent curieux, des Skua et des Chionis ne tardent pas à nous approcher à quelques centimètres. On a l’embarras du choix en terme de photos entre ces muses, la Baie et l’Arche. Plusieurs centaines de photos plus tard, il est temps de prendre l’essentiel de notre matériel dans nos touques scientifiques et de transférer cela dans nos sacs de randonnée. Le premier objectif de la matinée est de rallier un kern non loin des côtes pour le programme de patrimoine de Laetitia. Je garde l’œil ouvert lors du transit pour des prospections opportunistes de flores et d'invertébrés.

Chaque manchot rivalise d'ingéniosité dans sa pose pour les photographes @Kevin LF

L'Arche de Kerguelen se dévoile au petit matin @Kevin LF

C’est assez incroyable de marcher au sein d’un site si préservé de l’activité humaine et où les espèces florales natives sont si présentes. Le chou de Kerguelen (Pringlea antiscorbutica) est régulièrement visible sur les parois rocheuses bordant notre marche, alors que les plants d’Azorelle (Azorella selago) forment d’énormes coussins. L’occasion pour moi d'observer mon futur sujet d’étude, la mouche aptère (Anatalanta aptera) dans son milieu naturel (voici une explication du Programme 136 dont je fais partie). Quelques autres espèces natives sont observables et me forcent à freiner mes 2 collègues de randonnée. On observe Notodiscus hookeri (la seule espèce d’escargot terrestre de Kerguelen), Myro kerguelenensis (une espèce d’araignée native de Kerguelen) ou encore Pringleophaga kerguelensis (un lépidoptère autochtone de Kerguelen et Crozet, dont la larve peut atteindre 50mm).

Le chou de Kerguelen / La fameuse mouche sans ailes, Anatalanta aptera @Kevin LF

Quelques kilomètres plus loin et centaines de mètres plus haut, le kern tant recherché est trouvé. Ça n’en a pas l’air mais ici, la marche est fortement limitée par le terrain humide, où mousses et souilles d’éléphants de mer en plus de pierriers jouent le rôle de limitateurs de vitesse. Le vent, la pluie et la neige peuvent s’y mêler assez régulièrement. Fort heureusement pour nous, aujourd’hui ces 3 éléments météorologiques sont en sommeil. 
Pour en revenir au kern, il est assez grand et a été « construit » il y a quelques dizaines d’année. Les coordonnées GPS de ce monument local sont enregistrées par Laetitia. Autre bon point, notre randonnée nous a mené encore plus proche de l’Arche, session photo obligatoire.

Randonnée au plus proche de l'Arche @Kevin LF

L’objectif étant accompli, le retour sur la plage de départ se fait par un autre itinéraire au plus près de la côte. L’occasion d’admirer les éléphants de mer lorgner dans l’eau et de voir des individus quasi-similaires de loin mais, à l'approche, cela se révèle être des otaries. La précaution est de rigueur car, a contrario des éléphants de mer, ils se révèlent plus méfiants et plus agressifs. Il convient de garder bonnes distances, d’autant plus que des petits sont aperçus à proximité des femelles.
Otaries et leurs petits = ne pas déranger ! @Kevin LF

Cet « obstacle » passé, nous regagnons la plage toujours aussi peuplée et La Curieuse. En fin d’après-midi, il convient de dire au-revoir à l’Arche: un « kenavo » est entonné sur le bateau. 18h plus tard, nous revoilà de nouveau à Port-aux-Français où je repartirai à bord d’un nouveau bateau dans quelques jours...

Un paysage dont on ne saurait se lasser... Place à d'autres missions ! @Kevin LF

Le "Gwenn ha du" fièrement porté par 5 bretons, l'Arche en arrière-plan @Kevin LF

Commentaires

  1. Clemente de la Verga3 janvier 2020 à 16:20

    Du terrain grandeur nature ! Finalement il n'y a pas que la végétation dense de la jungle qui constitue des obstacles à la marche. Même vos paysages à première vue plats et vides sont traîtres, et en même temps plein de surprises cachées ! Quelle émotion ce doit être d'observer toutes ces espèces que vous avez certainement appris à reconnaître en théorie avant de les trouver sur le terrain :)

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  2. Superbe blog, superbes photos, hormis le vignetage sans doute dû au pare soleil non adapté... à vérifier

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