Premiers pas sur Kerguelen

Mes pieds touchent enfin terre, cette terre qui va m’accueillir pour une année...

• 23 au 28 Novembre 2019

Comme à chaque OP (= Opération du Marion Dufresne), le chaland et l'Hélilagon ne chôment pas @Kevin LF

Quel plaisir se fût d’enfin fouler le sol de Kerguelen et d’être accueilli par Clémence - qui était responsable de l’accueil des passagers – puis par Bérengère distribuant crêpes et cidres plus loin (finalement il n’y a pas que le nom de ces îles qui sonnent Breton). Ce sont nos « prédécesseurs », elles auront la lourde tâche de nous former pendant moins d’un mois (entre OP3 et OP4 du Marion). En plus de Clémence et Bérengère, nous avons été accueillis par le Disker (chef de district) et par l’ensemble des VSC de la mission 69. La population de la base de Port-aux-Français double voire triple lors de cette OP. La première soirée est festive et chaleureuse, avec au menu : un bon dîner à Tyker (le restaurant) et une soirée d’accueil à Totoche (le bar situé juste au-dessus). La première impression est assez grandiose quand on monte les marches pour aller à Totoche. Plusieurs cadres symbolisent les membres des nombreuses missions antérieures alors que le bar en lui-même est assez grand.

 Une des nombreuses arrivées de l’Helilagon durant

l’OP3 à Kerguelen @Kevin LF

Vis ma vie de Playmobil ! @Cécile BARON

Après une première nuit, où j’ai à peine eu le temps de poser mon sac de randonnée dans ma nouvelle chambre, je me vois désigné plusieurs tâches durant les premiers jours :

• Responsable accueil sur la Drop-Zone (= DZ) : accompagné par le chef de la sécurité de la base, nous devons endosser le rôle de « Playmobil » pour accueillir passagers venant du Marion et les charges héliportées.
• Aide petite-marie: Ménage et vaisselle après les petit-déjeuner, déjeuner et dîner au restaurant.
• Nettoyage Tyker + Totoche.

La visite de la base se fait au compte-goutte, elle paraissait plus petite sur le navire mais en réalité il n’en est rien.

Les premiers jours après notre arrivée se concentrent sur ses 3 éléments @Kevin LF

Le changement de climat se fait progressivement, désormais on est à 2 couches de vêtements au minimum pour parer à la température et surtout au vent. Ce dernier est passé au-delà des 100 km/h pendant 2 soirs de suite, rendant la remontée aux logements assez lentes et poussant à s’aider au maximum des bâtiments en chemin pour atteindre son but. Il n’a d’ailleurs pas fallu attendre longtemps pour attester de la possibilité d’avoir les « 4 saisons en 1 journée ». En effet, il peut faire beau plusieurs minutes durant et voir apparaître d’un coup un épisode neigeux, sorti de nulle part, pendant quelques secondes/minutes pour retourner à un temps ensoleillé.

Outre la météo, il a également fallu retrouver ses repères sur terre. A mon grand plaisir, je ne souffre pas de mal de terre, mais je me suis retrouvé plusieurs fois à avoir l’impression de « tanguer » au réveil et à devoir m'agripper aux murs. Cette sensation ne durait, fort heureusement, que quelques secondes maximum.

Voici "Central Park" sous le soleil et l'un de ses occupants, bonbon (= juvénile) d'éléphant de mer @Kevin LF

La base de Port-aux-Français (en arrière-plan) est bien gardée @Kevin LF

La passation entre Clémence/Bérengère et Manon/moi est rapide et rythmée par une quantité d’informations à assimiler en un temps assez court. On prend connaissance du labo où nombres de manipulations seront à réaliser. On y passera beaucoup de temps en dehors du terrain afin de préparer/trier/identifier nos échantillons. Ce labo (BIOMAR) présente l’avantage d’être situé en bord de côtes et est assez spacieux. Le cadre est donc idéal pour y passer un temps que l’on n’ose imaginer.

Lors du peu de temps libre à notre disposition, je m’affaire au déballage de mes 3 cantines (prêtes depuis début Septembre). C’est un peu Noël avant l’heure pour nous autres redécouvrant gâteaux, boissons, etc. La chambre, pourtant spacieuse lors de ma première venue, est désormais surchargée par plusieurs kilos de vêtements et d'équipements à ranger.

Ma nouvelle résidence (L9) pendant 1 an / Mes 3 cantines arrivées à bon port @Kevin LF

Seulement 5 jours après mon arrivée, me revoilà en partance pour le Nord-Ouest de Kerguelen à bord d’un autre navire : La Curieuse (de type chalut). Nous sommes 10 passagers (en plus des marins) à y embarquer. Parmi eux, Aurélie est également du programme 136, elle étudie notamment l’immunologie d’une espèce de charançon introduite et ayant un fort pouvoir de colonisation : Merizodus soledadinus. Pour cette mission, nous sommes chargés de suivre sa présence sur 3 sites du Nord de Kerguelen, en plus de les échantillonner aux endroits de présence. Nous partons le 28 novembre au soir et revenons le 2 décembre au soir.
En amont, il a fallu préparer les touques (= bidons étanches) scientifique et personnel. Plusieurs heures sont nécessaires à leur préparation. Il faut ajouter à cela la biosécurité, à réaliser avant de partir de base et lors de notre retour.

Fort de mon expérience sur le Marion Dufresne, je me sens confiant quant à un certain mal de mer avant d’embarquer. Et pourtant, La Curieuse n’étant pas le Marion, le repas est difficile à digérer. La houle, forte lors de la sortie du Golfe du Morbihan, aidera mon repas à finir dans la tuyauterie du navire plutôt que dans mon estomac...

Me voilà embarqué à bord de la Curieuse pour ma première mission de terrain @Kevin LF

Maintenant que mon service civique a bel et bien commencé, la fréquence des articles va se rallonger. Des missions de plusieurs jours nous coupent du moindre accès internet et la fatigue, une fois rentré à la base, n'aidera pas à être très productif. Néanmoins, je ferais au mieux, et ma chère sœur qui se charge de la mise en page des articles, également.