Des oiseaux et des éléphants (de mer) !

Plus que quelques mois restant avant la fin de mon hivernage, il faut commencer à assimiler ce futur départ mais l'heure est encore aux manipulations, notamment faunistiques. Je savoure ces instants auprès de collègues lors de manipulations concernant leurs programmes et essaye de me rendre le plus utile possible…


Poussin d'albatros hurleur, un beau bébé ! @Kevin LF


Le 12 Septembre, je pars avec Manon, ma binôme de programme Ecobio, en direction de Ratmanoff avec Théo et Mélissa (les Ornithos IPEV) et Jean-Philippe (Géophy). Ces derniers doivent effectuer un suivi sur la colonie de Manchot royal de Ratmanoff et de Cap Digby (deux des plus grandes colonies de Kerguelen). Après les 25 km traditionnels séparant la base de Port-Aux-Français à Ratmanoff, Théo et Mélissa partent rapidement effectuer un premier suivi sur les poussins de Manchot royal tandis que nous effectuons en parallèle notre 4ème passage de suivis des mares de Ratmanoff avec Manon et Jean-Philippe.

Notre trajet pour ce séjour @Openstreet Map

La mission sera réalisée sur moins d’une journée. Une fois celle-ci terminée, nous partons vers la cabane du Guetteur (aux abords de la manchottière) pour prêter main forte à nos collègues Ornithos. Une bonne partie des poussins ont déjà été analysés (mesures et re-marquage) par leurs soins. Les poussins restants sont plus difficiles à trouver car plus éloignés de la cabane et plus compliqués à ramener à la cabane (où les mesures sont effectuées) du fait de leurs poids (11 kg en moyenne) et de leur caractère plus craintif à force des captures. 



Mesures diverses et pesées des poussins de manchots @Kevin LF

Au final, la tâche est un franc succès mais il reste une autre partie du suivi, inhérente à cette période, à effectuer : la prise de photos aériennes par cerf-volant. Le vent faiblard, ce deuxième jour rend possible cette manip. Théo au cerf-volant, à une certaine distance de la colonie, et Mélissa, à l’intérieur de la colonie, communiquent par VHF (= transmission radio) en parcourant la totalité de la plage où se situe la colonie (adultes et poussins à ce moment de l’année). Le cerf-volant est situé à 300-400 m de haut. Les photos prises, seront ensuite assemblées pour constituer un grand diaporama et un comptage aura lieu par ordinateur par leurs soins.

Théo à la manœuvre du cerf-volant @Kevin LF

Vérification des photos prises via le cerf-volant @Kevin LF

Coucher de soleil au sein de la colonie de manchots @Kevin LF

A noter qu’un léopard de mer, le premier que l’on observe, a été aperçu sur la plage durant cette manip !

La belle dentition du léopard de mer observé à Ratmanoff @Kevin LF


Le 14 septembre, nous mettons le cap au nord pour Cap Noir. Cap Digby sera notre checkpoint afin de réaliser 
la même prise de photo sur la colonie résidant ici. A la mi-journée, le vent commence à se lever et forcira grandement toute l’après-midi, ce qui annonce une tempête à venir le lendemain. Fort heureusement, notre départ très tôt nous évite une grosse partie du renforcement du vent et nous autorise quelques minutes de repos à Digby. A quelques km de la cabane de Cap Noir, le vent atteint les 40 nœuds (un peu moins de 80 km/h) et nous arrive pleine face. La randonnée est plus compliquée et nous prend une grosse partie de l’énergie restante. Nous resterons en cabane pour nous reposer et attendre la fin de la tempête. L’agencement des sorties de la cabane (orientée nord) rend difficile les sorties en fin de journée. Le vent atteignant un peu plus de 70 nœuds à son pic. Les activités nécessitant une sortie sont donc limitées et l’entraide est essentielle pour les ouvertures de portes (celle-ci menaçant de se fracasser contre la paroi de la cabane).


En route vers Cap Noir @Kevin LF

Le 16, nous repartons pour Ratmanoff avec une énergie retrouvée suite à ce repos forcé d’un jour. Nous allons profiter de ces 2 jours avant retour sur base pour rencontrer les 3 équipiers du programme « CyclEleph » (plus communément appelé « PopEleph ». Liane et Océane ainsi qu’Alex (de retour à Kerguelen après son départ à OP1 en Avril dernier) sont fraîchement arrivés à OP2 et prennent leurs marques en cabane d’Estacade. Ils y passeront une grande partie de leur temps car la période est à la reproduction des Eléphants de mer. D’énormes harems sont désormais présents sur les plages, désertes tout l’hiver. Les combats de pachas (gros mâles), pour conquérir ou conserver leur harem, sont assez fréquents. En parallèle, les femelles donnent naissance aux  « bonbons » (= bébés éléphants de mer) et doivent lutter contre d'autres adversaires: les Skuas et Pétrels géants désireux de s’alimenter avec cette nouvelle source de nourriture sans défense et/ou de voler le lait des mères. Grâce à ce lait, les petits passent de 40 kg à 120-130 kg en une vingtaine de jours (durée du sevrage).

L'équipe PopEleph en pleine réflexion avant l'action @Kevin LF

La mission première des PopElephs est de baguer les nouveau-nés à la nageoire afin de suivre ces derniers jusqu’à leur sevrage. Nous les aidons de notre mieux pour cette tâche.

Baguage d'un jeune éléphant de mer @Kevin LF

Mère défendant son petit contre un pétrel @Kevin LF

Bonbon profitant du soleil avec un beau sourire @Kevin LF

En fin de mois, nous partons pour l’île Mayes avec Théo et Mélissa de nouveau. Ce coup-ci, nous dépendons du chaland et non plus de nos pieds pour nous y conduire. Pendant 4 jours, nous inspectons des terriers d’oiseaux du genre Prion et Pétrel. Une grande partie des terriers de cette île sont suivis chaque année et leur contenu est connu. Nous ciblons en premier lieu les terriers de Pétrel bleu. Les terriers pourront être d’une certaine longueur et au passage très étroit requièrent patience et minutie. La méthode est simple: un ringot plastique  (= équivalent d'une baguette en plastique) permet de sonder le terrier et de déceler la présence de pétrels grâce aux à-coups qu’ils donnent sur ce dernier. Une fois le repérage effectué, nous allons chercher et ramener l’oiseau hors du terrier en saisissant le bec qui suivra le mouvement. La bague est ensuite lue et notée (ou posée s’il n’en possède pas), puis le poids est pris en compte avant de remettre l’individu dans son terrier. Là encore, les Skuas sont aux aguets, la précaution est donc de mise pour ne pas relâcher trop vite le pétrel ou le prion.

Une seconde manip, plus complexe, vise à capturer les Skuas nés cette année et à les baguer comme les autres. Il faut donc aller à la pêche et les capturer grâce à un collet fixé à l’extrémité d’une canne à pêche. L’opération s’avère plus compliquée qu’il n’y paraît car malgré leur curiosité primaire, ces oiseaux sont très intelligents et apprennent vite la portée et la conséquence engendrée par le collet. De plus, ils forment de petits groupes et la capture d’un Skua ne passe pas inaperçu pour les autres.

Théo à la manœuvre du collet @Kevin LF

Pose de bague sur un Skua @Kevin LF

Théo et Mélissa réussiront malgré tout à en capturer et baguer quelques-uns.

J'espère que mes aventures continuent de vous plaire malgré la fréquence diminuée de leur parution. J'admets que les derniers mois (de septembre à décembre) ont été très chargés et  je n'ai pas réussi à me dégager du temps pour la rédaction des articles. J'ai voulu profiter au maximum de toutes les expériences qui s'offraient à moi et surtout de mes camarades car à l'heure où parait cet article, mon hivernage touche à sa fin, je suis désormais sur le Marion Dufresne qui me ramène à la Réunion. Je vais tâcher de rattraper mon retard et de finir mon blog avec autant d'entrain que lorsque je l'ai commencé. 

Commentaires

  1. Bravo à toi et merci beaucoup de nous avoir fait rêver pendant ton séjour 👍

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