Après l'OP, retour aux mares et aux manchots !

Alors que le Marion Dufresne vient de larguer les amarres, il est temps pour moi de reprendre le chemin des mares. L'hiver approchant, l'équipe sur place est restreinte et nous devons organiser des transits groupés. L'esprit de camaraderie est à l'honneur !

Retour à la colonie de Ratmanoff ! @Kevin LF

• Du 18 au 20 avril - Nouveau passage à Ratmanoff

Peu de temps pour se remettre de cette OP, le travail ne tarde pas à nous remettre à la réalité. Le 3ème passage du protocole, visant à étudier les paramètres abiotiques (action du climat et chimique entre autres) des mares et les interactions qui y ont lieu entre plantes aquatiques, se profile. Nous partons du 18 au 20 Avril à l’Est de Kerguelen à Ratmanoff pour la dernière des 3 localités après Isthme-Bas et Molloy. C’est la 1ère manip conjointe à un autre programme scientifique. Nous partons avec les ornithologues de l’IPEV : Théo et Melissa qui doivent réaliser un suivi sur les poussins de Manchot Royal. L’après OP, l’arrivée de l’hiver et le plus faible effectif sur base nous oblige à trouver des solutions face au manque de manipeur donc il nous faut mutualiser nos transits. C’est un mal pour un bien car cela nous permet d’enrichir nos connaissances sur un autre programme et sur une autre thématique environnementale : ici les oiseaux plongeurs (thème du programme 394 de l'Institut Polaire).

Des manchots royaux à perte de vue @Kevin LF

Le chemin vers Manchot se fait en l’absence de vent et sous une température qui nous semble anormalement élevée. Nous arrivons en début d’après-midi à la cabane de Manchot. Suite à un bon repas, nous partons vers la cabane de Guetteur pour y observer la colonie de manchots et éventuellement réaliser une récupération de balise GPS. Ces balises ont été placées par les ornithos il y a quelques temps sur une sélection de manchots nidifiants afin d’étudier leur comportement en mer lors de la recherche de nourriture et du nourrissage des poussins. Cette prospection à la colonie porte ses fruits puisque Théo y repère un manchot portant cette fameuse balise. Melissa se chargea de la récupérer soigneusement et rapidement. Les balises seront ensuite remises à leur laboratoire de recherche à Chizé pour analyse.

Je découvre les poussins de Manchot Royal @Kevin LF

Le lendemain, plutôt que de réaliser nos protocoles en parallèle, nous décidons de consacrer la matinée aux ornithos et à leur mission prioritaire : la pose de fish-tags sur les poussins et l’étude morphométrique : pesée, mesures diverses (nageoire, bec, tête).

Définition : les « fish-tags » ont été conçus pour marquer les poissons et ont ensuite été utilisés pour marquer des oiseaux, jeunes et adultes. Ce sont des tiges de nylon avec une ou deux barres transversales qui fixent la marque : l’une est à une des extrémités de la tige plastique et se place sous la peau des manchots, en bloquant sa sortie. L’autre est quelques centimètres plus haut, et se place juste au dessus de la peau, à l’extérieur. Le reste de la tige plastique constitue la partie visible de la marque).

Cette étude a pour but de suivre l’évolution globale du jeune au fil du temps. Avec Manon et Antoine (technicien Telechom), nous les aidons dans cette opération. Après une demi-journée, les 40 poussins nécessaires à l’étude sont marqués et nous ont marqués de leur odeur et couleur.

Mesures diverses sur un poussin de Manchot Royal @Antoine CIMBE

Les manipulations doivent être rapides et efficaces @Antoine CIMBE

L’après-midi, changement de programme au sens propre et littéraire. Nous basculons sur le programme ECOBIO et l’étude des mares. Nous remettons mains et sondes dans les mêmes mares étudiées 2 mois auparavant. Il fallut peu de temps pour remarquer que la température des mares a significativement diminué. Le niveau d’eau a également diminué pour certaines d’entre elles. Ces données, en plus de celles déjà récoltées en Décembre et Février, seront intéressantes à analyser pour y repérer les conséquences et les évolutions de manière globale.

Le retour sur base le 20 Avril s’accompagne de la traditionnelle filtration des échantillons de mares collectées. Alors qu’elle était jusque là réalisée manuellement par Manon et moi et demandait un certain temps, nous avons pu bénéficier de l’inventivité de Théophile (Géophy). Face à notre demande, il a créé un mécanisme nous permettant de filtrer 4 échantillons de mares en simultanée. Ce mécanisme, nommé « Bernadette » par son inventeur, fut inauguré quelques temps auparavant à Biomar.

Invention tamponnée, Théophile rentre dans l'histoire ! @Théophile LEBRUN

Inauguration du presse-tube au Biomar @Kevin LF

• Du 20 au 30 avril - Transits divers 

La fin de mois d’Avril fut marquée par la réalisation du relevé de sondes de températures à Molloy et le suivi d’insectes natifs à Pointe Suzanne. Je suis parti pour cette 1ère localité avec Jean-Philippe (Géophy) et Xavier (un nouvel « infra » arrivé à OP1 chargé du démantèlement de la cabane Guetteur qui aura lieu dans quelques mois). Pendant ce temps, Manon partie pour Pointe-Suzanne avec Alain (nouveau personnel de Météo-France), Johan (nouveau technicien du Centre National d’Etudes Spatiales). Le transit pour Molloy, un des transits que j’ai le plus réalisé, me permit de réaliser un second protocole visant à étudier les communautés végétales aquatiques. Ce protocole visant à prélever des graines des plantes aquatiques présentes dans les mares a pour but, après étude et culture en laboratoire, d’étudier les capacités d'adaptation de ces plantes face aux changements de températures en lien avec les changements climatiques.

Vue depuis la cabane de Molloy @Kevin LF

L’apparition de fruits chez les plantes aquatiques à cette période de l’année, conditionna la réalisation de ce protocole ici. Il fallut une petite heure pour trouver et prélever quelques fruits chez les espèces végétales aquatiques recherchées. Après cette manip ECOBIO, je serai de nouveau en lien avec le programme de science de l’univers (GÉOPHY) puisque je me rends avec le binôme de Jean-Philippe, Théophile pour un transit début mai au Nord de la Péninsule Courbet.