Chutes de flocons et d’hivernants !

Nous arrivons début mai (le fossé se creuse entre la date de mes articles et la date actuelle, désolé !) et désormais les paysages sont blancs ! Vous êtes en plein été et je suis en plein hiver. La neige n'arrête pas les transits et il faut que l'on s'adapte à ce changement de saison...


Le transit se fera en grande partie dans un paysage enneigé @Theophile LEBRUN


  • Du 1er au 4 Mai - Transit express vers Cap Cotter

Du 1er au 4 Mai, il est prévu de transiter au Nord de P-A-F vers Cataractes (25 km) puis vers le Cap Cotter. Les jours précédents cette manip Logistique, la neige est bien tombée sur Kerguelen. De ce fait, les paysages muent et les repères s’envolent. Je profite de cette météo plus fraîche pour tester des vêtements que je réservais pour cet hiver. Mon sac est un peu plus chargé qu’à l’accoutumé mais ce dernier a changé depuis l'OP1 où j’ai reçu un sac ayant une contenance de 75L contre 60L avant.
Ce 1er Mai au matin, il fait frais, le soleil pointe son nez contrairement au vent. Un bon point avant de débuter la marche. Je suis accompagné de Théophile (Géophy et chef de manip), Thibault (hivernant flore-habitat de la Réserve Naturelle) et de Giorgia (nouvelle Bib/médecin, arrivée à OP1). Pour cette dernière, il s’agit du tout premier transit en terre Kerguelenienne ! Mais avant cela, nous passons encourager Manon et ses manipeurs pour la relève de pièges non loin de la base mais certainement bien gelés.

Réveil glacé pour cette Acaena @Kevin LF
Notre horizon pour le transit de ce jour @Kevin LF
 
Voilà le chemin parcouru pour ce transit @OpenStreetMap


Suite à cela, nous nous mettons en route vers le Nord où nous attend un premier obstacle au bout de 5 km : la rivière du Château. Une fois n’est pas coutume, il a fallu déchausser pour tout le monde, même ceux en bottes, pour traverser ce cours d’eau qui a vu son volume monter depuis quelques jours. Ce n’est pas la seule chose qui a changé. A son approche, nous nous rendons compte que des morceaux de glace sont présents au niveau des roches et sédiments. La traversée est difficile et glaciale. Il est important de rapidement se munir d’une serviette et de chaussettes sèches pour éviter d’éventuelles engelures. Une fois la rivière passée, nous progressons rapidement en nous souciant un peu moins que d’habitude des souilles et mares gelées, permettant de passer sans avoir à les contourner. Une mauvaise interprétation de ma part puisque je chute sans m’en rendre compte dans ce qui s’apparentait être une petite souille mais qui se révélera, à mon grand dam, un beau trou d’eau d’environ 1m40 de profondeur. Tous mes vêtements y sont passés ainsi que le bas de mon sac, j’ai de l’eau jusqu’aux sangles pectorales de mon sac. Fort heureusement, et comme je l’énonçais quelques lignes plus haut, je dispose d’un change complet de mes vêtements, veste comprise. Je dois également me résoudre à passer en bottes pour le reste du transit qui sera rapidement très caillouteux et rudes pour les chevilles. Ce fut donc ma seconde baignade de l’année ici mais en eau douce cette fois.

Traversée de rivière vivifiante voire anesthésiante @ Théophile LEBRUN

Baignade non voulue, changement de vêtements en cours @Théophile LEBRUN

Le reste du transit se passe mieux et sans encombre. Nous profitons des paysages blancs au niveau de la Butte Ronde (à la moitié du parcours) et de la partie montagneuse à l’Ouest. Le soleil qui nous accompagne toute la seconde partie du transit fait fondre une bonne partie de la neige accumulée au niveau de la cabane. L’air marin se charge d'éliminer le reste. Nous mettons rapidement nos vêtements à sécher pour le transit du lendemain. Cette cabane, n’est en réalité qu’une étape intermédiaire de notre transit. C’est à la cabane de Cap Cotter que nous avons à aider Théophile à l’entretien des appareils de mesures (anémomètre, température, etc.). De plus, les Ornithos (Melissa et Théo) nous ont rapportés qu’il y avait une fuite au niveau du module chambre de la cabane. Nous nous chargeons de colmater la brèche pendant que Théophile étudie les instruments de mesure à l’aide de son ordinateur de terrain et que Giorgia nous concocte quelques mets italiens comme la foccacia (équivalent de la fougasse).

La jolie cabane de Cap Cotter @Theophile LEBRUN

Entretien de l'anémomètre et de la cabane en cours @Kevin LF

Le lendemain, soit le 3 Mai, nous repartons vers Cataractes (distant de 15 km) en longeant la côte, tenter 
de repérer des mammifères marins au loin. Mammifères qui demeureront absents au profit d’autres, ou plutôt de leurs déchets... Nos sacs se garnissent de plusieurs bouteilles plastiques, restes de bouées entre autres. Fort heureusement, nous apercevons plusieurs silhouettes blanches sur le chemin : des poussins d’Albatros hurleur !
A notre approche de Cataractes, un coucher de soleil combiné à une brume marine, fait son apparition.

Poussin d'Albatros hurleur @Kevin LF

Pétrel géant @Kevin LF

Le lendemain, nous regagnons Port-aux-Français sous un soleil qu’il est rare d’avoir entre Cataractes et Butte Ronde essentiellement. C’est plutôt un épais brouillard pluvieux qui accompagne notre transit retour pour cette portion. Quatre jours après avoir regagné la base, nous célébrons le 8 Mai. Les militaires (armée de terre et de l’air) et marins se rassemblent en costume de cérémonie au niveau du mât pour hisser le drapeau Français et effectuer le protocole standard. Du vin, champagne et tartes sont ensuite servis à la résidence où nous convie Stéphane (le Disker = chef de district).

Une célébration sous un soleil glacial @Thomas LAURENCEAU

Après la photo officielle (@Thomas LAURENCEAU), place au cocktail offert par le Disker 


  • Du 12 au 14 Mai - Petit tour à Pointe Suzanne

De nouveau 4 jours plus tard, suite aux festivités, je repars vers le Sud cette fois-ci. C’est à Pointe Suzanne que nous nous rendons avec Hichem (Ornithologue de la Réserve Naturelle et chef de manip) et Antoine (Tech Telechom). Le boulot est à réaliser en cours de transit avec le comptage des canards présents le long d’un transect prédéfinis. Ici, c'est le Canard d’Eaton (Anas eatoni) qui nous intéresse et c'est la seule espèce présente à Kerguelen. C’est une espèce endémique (= dont la présence est exclusive à cette région géographique) et malheureusement vulnérable. Historiquement, ce canard était chassé par les phoquiers et les membres des expéditions scientifiques des XIX et XXe siècle. Désormais, le chat (importé ici par l’Homme) constitue une menace importante. Il est donc important pour la Réserve Naturelle Nationale des Terres Australes Françaises (la plus grande de France avec 67 200 000 ha) de connaître les effectifs de ce canard à Kerguelen. Ce transit vers Pointe Suzanne constitue l'un des nombreux transects qu’Hichem aura à effectuer.

Paysage enneigé vers Pointe Suzanne // Réconfort d'une pizza maison à la cabane @Kevin LF

Le chat a un réel impact négatif sur la faune endémique @Kevin LF

Après un début de transect peu concluant, ce 12 Mai, nous commençons à observer un grand
nombre de canards à mi-parcours de la cabane et jusqu’aux abords de celle-ci. Au total, nous avons observé un petit millier d’individus au cours des 18 km de transit.

Comptage en cours (les canards sont en vol) @Antoine CIMBE

Le lendemain, soit le 13 Mai, le vent s’est levé, il limite nos déplacements hors de la cabane. Nous profitons cependant d’une accalmie en fin de journée pour observer les manchots Papou, otaries et surtout des paysages. Le transit retour s’accompagnera d’un grand nombre d’observation de canards, presque autant qu’à l’aller.

Session photo des manchots Papou @Antoine CIMBE

Résultats de la session photo, les manchots et le chou de Kerguelen @Kevin LF

Coucher de soleil et fin de manip à Pointe Suzanne @Kevin LF

Dans quelques jours, je compterai non pas des canards mais des kilomètres puisque je suis amené à faire le grand Tour Courbet d’Ouest en Est pour le retour des manips ECOBIO !

Commentaires

  1. Superbe blog ! Très grosse envie de connaitre cette aventure !
    si possible d'autre recits ca serait top !
    Pour savoir, les transits rando entre chaque cabane font combien de km ?

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