Bonbons et sourcils noirs !

Le mois d’octobre a été assez énergivore car nous n'avons été présents que 4 petits jours sur base mais très intéressant. Nous avons pu aider d’autres programmes scientifiques et apprendre beaucoup d’éléments de fonctionnement, d’écologie et nouer des liens avec les personnes que nous avons aidés




Parade nuptiale de deux albatros à sourcils noirs @Kevin LF


  • Manip 1 - Suivi de la reproduction des éléphants de mer à Estacade

Le 18 octobre, nous partons avec Liane et Alex du programme Popeleph en direction de la cabane d’Estacade. La période de reproduction des éléphants de mer leur demande beaucoup de temps et d’énergie, nous espérons donc répondre à leur besoin avec Manon. Deux protocoles sont à réaliser pour cette période qui suit la première phase de Septembre à laquelle nous avions contribué le mois dernier (cf. le baguage des bonbons) : le suivi des bonbons bagués une fois sevrés et la mise en place de balises de suivis sur les femelles dont les petits sont bagués.


Les bonbons d'éléphants de mer, à l'évidence pas encore sevrés :) @Kevin LF

Concernant les bonbons, dont 117 ont été bagués, notre mission était d’effectuer une ronde tous les jours aux abords des harems pour vérifier si les bonbons sevrés, venus se mettre à l’écart, possédaient des bagues. Si c’était le cas, une prise de sang devait être faite après maîtrise du bonbon via une prise de catch non douloureuse et la mise en place d’une capuche afin de limiter le stress engrangé. Suite à cette prise de sang, la pesée était réalisée à l’aide d’un treuil et d’un palan à chaîne (les bonbons sevrés atteignent facilement les 120 kg), puis une mesure de longueur. Une fois effectuée, la bague était retirée.

Capture et baguage de bonbon @Kevin LF

Sur une petite partie de bonbons, la manip était différente. Une balise GPS pouvait être disposée pour suivre le comportement de déplacement de l’individu pendant cette période post-sevrage. Après anesthésie locale, le bonbon pouvait donc être équipé d’un «Axy-Trek» (balise équipée d’un accéléromètre et de capteurs de pression).

Pas facile de repérer les bonbons bagués dans ces attroupements @Kevin LF

L’autre moitié du temps était allouée aux femelles dont les petits étaient suivis. Sur celles-ci, plusieurs balises devaient être mises en place afin d’améliorer les connaissances sur ces pinnipèdes. Une balise GPS était installée afin de suivre la femelle de retour en mer et 2 autres balises visant à mesurer les paramètres de plongée de l’animal : paramètres directs (profondeur, vitesse) et indirects (température, pH). A noter qu’une balise était équipée d’un sonar afin d’analyser la nature des proies de l’éléphant de mer...

Cette tâche fut un peu plus périlleuse car le lieu de travail est en périphérie des harems où peuvent se situer les mâles périphériques, tentant leur chance à quelques occasions, provoquant la furie du pacha réalisant donc des va-et-vient à divers extrémités du harem. Ces activités nécessitent donc une vigilance de tous les instants et la mise en place de différents rôles à tenir pour chacun d’entre nous. Liane et Alex, ayant le rôle de vétérinaires, s’occupaient de l’anesthésie, des éventuelles repousses, du contrôle du sommeil de l’animal afin d’éviter les apnées, ainsi que la surveillance du bonbon appartenant à la mère. Deux rôles d’assistants sont décernés: celui lié à la sécurité visant à éloigner les autres mères du harem, pouvant se montrer agressives, à l’aide d’un bâton de marche dont les mouvements au-dessus de la tête a le pouvoir de les intimider. La surveillance s’axe aussi sur le pacha du harem et sur les mâles périphériques qui occasionnent l’ensemble des déplacements au sein du harem. Les alertes sont donc importantes à donner en cas d’approche de ces protagonistes. L’autre rôle d’assistant vise à réaliser plusieurs mesures corporelles de l’animal. 

Un pacha aux aguets @Kevin LF

Un harem sous la neige @Kevin LF

Une grosse part du boulot s’effectue avec la pesée. Celle-ci requiert l’ensemble des manipeurs pour la mise en place du filet, du treuil et du trépied. En plus de la rotation de l’éléphant de mer pour le placer et l’harnacher dans le filet, afin de le soulever pour la pesée. A la fin de l’opération, les balises sont fixées derrière la tête de l’animal à l’aide d’une résine spécifique résistante à l’eau de mer. Ces balises ne seront retirées de l’animal que plusieurs mois plus tard avant d’être retournées à leur laboratoire d’analyse et de livrer de précieuses informations sur l’écologie de l’espèce.


  • Manip 2 - Suivie de la colonie d'Albatros à Sourcils Noirs
Notre destination pour cette deuxième manip @OpenStreetMap


A la fin du mois, nous partons en chaland avec Melissa et Manon au Sud du Golfe du Morbihan au Halage des naufragés pour être plus précis. De ce point, une randonnée de 10 km nous attend avant d’atteindre le chalet des Sourcils Noirs situé dans un canyon portant le même nom.

La fine équipe de cette manip @Manon BOUNOUS

La cabane représente un chalet de belle taille (une taille importante par rapport aux autres cabanes présentes sur Kerguelen). Ce lieu est utilisé par les ornithos plusieurs fois par an pour suivre la colonie d’Albatros à Sourcils Noirs. Une colonie conséquente à cet endroit, située dans les falaises sud. Le suivi, effectué depuis plusieurs dizaine d’années, consiste à suivre une grosse partie des nids présents dans la colonie (tous possèdent une étiquette numérotée). Sur chaque nid, le couple est bagué. La manip correspondant à la période de reproduction des Albatros, les 2 individus du couple se relaient pendant plusieurs jours au nid pour couver l’œuf. Différents passages sont donc réalisés au sein de la colonie à quelques jours d’intervalle afin d’observer le numéro de bague possédé par l’individu sur le nid et donc d’observer le mâle et la femelle.

Le chalet des Sourcils Noirs @Kevin LF

Adultes au nid @Kevin LF

Avant de réaliser ce suivi, une randonnée quelque peu sportive nous attend chaque jour où la manip est possible (c'est-à-dire quand il ne pleut ni ne vente pas trop) puisqu’un dénivelé positif à pente forte et une descente dans la colonie nécessitent le port d’un baudrier et la descente le long d’une corde. Il faut 45 min à une heure avant de rejoindre la colonie. Ensuite, il convient de repérer les nids, dispersés sur plusieurs zones. Tâche aisée quand le nid comporte toujours son étiquette mais plus difficile quand elle est cachée ou non présente (arrachée par le vent ou par un animal : les gorfous ont cette fâcheuse tendance).

La vue de la colonie @Kevin LF

Une fois le nid repéré, il faut approcher l’animal à l’aide d’un ringot et faire en sorte qu’il se soulève pour observer les pattes de ce dernier et les bagues s’y trouvant ou non. La notation minutieuse de ces numéros est ensuite faite pour chaque nid.

Exemple des pattes baguées d'un albatros @Kevin LF

La seconde étape de ce protocole est le comptage des individus présents dans la colonie. Le matériel est simple : une paire d’yeux, un compteur à main et une belle concentration. Le comptage s’effectuant à un seul endroit en surplomb de la colonie s’apparente au comptage de point blanc en différenciant les gorfous des véritables Albatros. Plusieurs essais sont à faire afin de limiter les biais liés au comptage et liés à l’observateur. Enfin, un autre protocole visait à réaliser un panorama de colonies de Gorfou Macaroni dans la Baie de l’à Pic située au Sud Ouest de la cabane. Des points de vue sont précisément annotés pour obtenir le cliché le plus représentatif de la colonie et l’analyser ensuite sur l’ordinateur. Où le comptage sera réalisé au courant de l’hivernage.

C'est parti pour le comptage @Manon BOUNOUS

Albatros à sourcils noirs en arrière-plan et Gorfous macaronis au premier plan @Manon BOUNOUS

Les conditions météo durant notre séjour ont été mitigées, nous avons heureusement pu finir tous les protocoles que l’on souhaitait faire et nous balader au niveau du canyon. Le dernier jour, nous effectuons le transit retour vers le Halage des Naufragés au petit matin car le chaland nous y récupérait pour 11h. 

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