A la reconquête de l’Ouest

Je termine ce mois de mars par un nouveau transit à l'Ouest de la Péninsule Courbet. Nouveaux compagnons de marche et nouvelles missions, l'ennui n'est guère de la partie. La Bretagne me manque mais rien de mieux que quelques parties de pêches pour renouer avec mes racines... 


Coucher de soleil et partie de pêche à la truite sur le Lac Supérieur @Marion NEBOT


  • Du 21 au 26 mars - Retour à la Péninsule Courbet, côté Ouest


En ce samedi 21 Mars au matin, nous nous retrouvons à l’entrée de Tyker avec Nicolas (Bout de bois = menuisier), Marion (Cycleleph = étude des éléphants de mer) et Benoit (chef Centrale = Energie Sécurité Flotille – responsable de l’activité des marins sur base). Après un rapide petit déjeuner et le partage du frais (légumes, fruits, fromages et pain), nous partons pour 5 jours de transit, ce dernier sera ponctué de plusieurs destinations. L’Ouest de la Péninsule Courbet sera notre espace de randonnée et de manip. Cette fois-ci, le sens de l’itinéraire est inverse à celui réalisé la première fois en janvier (voir article). A savoir : PAF - Val Studer - Port-Elisabeth – Baie Charrier – Rivière du Nord – Cataractes, soit une cabane par jour.

Carte représentative du transit des 5 jours @OpenStreetMap  


Pas de temps à perdre en ce premier jour, le premier protocole à mettre en œuvre nécessite plus d’une demi-journée donc il convient d’arriver rapidement à la cabane du Val Studer.
Fort heureusement la météo est très correcte, le vent est légèrement puissant mais pas suffisamment pour entraver notre vitesse de marche. Nicolas, Marion et Benoit ayant une bonne capacité de randonnée, la cabane Jacky (située à mi-distance entre PAF et Studer) est atteinte en un peu plus d’une heure. Endroit idéal pour prendre un petit goûter sur la terrasse prévue à cet effet .

La magnifique cabane à Jacky @Marion NEBOT
  
Notre destination après cette pause : Val Studer et son lac @Kevin LF 

Peu avant notre entrée dans le Val Studer, nous apercevons une silhouette qui nous accompagnera jusqu’à la cabane et se démultipliera. Un renne est couché non loin de la rivière du Sud, que nous remontons. Nous restons à bonne distance, et quelques dizaines de minutes plus tard, ce même renne nous rattrape en compagnie d’un congénère. Cet événement nous laisse de marbre pour deux raisons : la grande curiosité de ces 2 cervidés et le fait que l’un des deux semble boiter (conséquence d’un duel avec un autre mâle ?). Les minutes passent, ces 2 individus poursuivent leur route vers notre destination. A l’inverse de ces 2 derniers, nous franchissons plus difficilement les rivières et les zones humides plus fréquentes depuis notre entrée dans le Val. De ce fait, nous les perdons rapidement de vue. Arrivant à la cabane, nous retrouvons nos 2 rennes en compagnie de plusieurs dizaines voire centaines d’autres ! C’est une véritable harde de rennes qui séjourne à proximité de la cabane et du lac Supérieur. Cet endroit étant sans doute stratégique pour eux car il débouche de plusieurs autres sites situés plus au Nord propices à leur écologie.

Nous arrivons à Val Studer @Kevin LF

Nous profitons du paysage et des rennes peu inquiétés par notre arrivée @Marion NEBOT

Les bois des mâles sont impressionnants, nous tentons une approche (à droite) @Kevin LF

Nous restons plusieurs minutes à observer le comportement de chacun de ces cervidés, à repérer les mâles dominants aux bois défiants la gravité et toutes normes, à observer le comportement hésitant des jeunes et à voir certains d’entre eux se rapprocher de nous et de nos objectifs. L’impression est à 2 saveurs, heureux de voir de nos propres yeux cet énorme troupeau et de pouvoir immortaliser cette scène mais déçu de les faire fuir au moment de gagner la cabane. Après un déjeuner reposant, nous repartons pour la relève de sondes de températures. Ce protocole sert à caractériser les conditions environnementales des sites étudiés par notre programme en complément des données météorologiques de Météo-France. Deux sondes se situent à l’Est de la cabane, au sud des Montagnes Vertes à proximité du Ravin du Mica. Sur notre chemin, les mêmes rennes attisent notre attention. Ils semblent remonter le long de la rivière du Nord. Nous montons tant bien que mal vers nos 2 sondes où le paysage, sera cette fois-ci l’élément perturbateur. Une fois les données micro-climatiques sauvegardées sur l’ordinateur de terrain, nous repartons vers la cabane pour la fin d’après-midi. Une petite session de pêche est organisée afin de compléter le menu du soir. Une belle truite sera au menu avec un mélange de quinoa et boulgour. Le lendemain matin, notre quête des sondes nous attire vers la pente Ouest de la cabane pour y relever 3 autres sondes. Le retour se fait via la cascade cachée, non loin de la cabane. Des hauteurs nous pouvons voir la cascade inversée (effet dû au vent fort).


Belle prise pour Nico, le pro ! @Marion NEBOT

Phénomène de cascade inversée sur les hauteurs // Aussi impressionnante d'en bas @Marion NEBOT

Relèves des sondes de températures @Marion NEBOT

Le départ pour la prochaine destination : Port-Elisabeth intervient en début d’après-midi. Ce transit de 15 km paraît plus long que cela à cause des nombreuses zones humides qui ralentissent notre progression. Vers 17h30, soit plus de 4h après notre départ, la couleur rouge de la cabane commence à frapper notre regard au loin depuis le creux d’une petite montagne. La nuit tombant trop rapidement, nous ne pouvons débuter les protocoles, ils seront réalisés le lendemain. Le soir est animé avec de grosses rafales de vent à plus de 50 nœuds, la bassine servant à la vaisselle en fait les frais en roulant jusqu’au lac proche.

Les marches s’enchaînent à un rythme soutenu @Marion NEBOT

Arrivée dans la fatigue devant la cabane spatiale de Port-Elisabeth @Marion NEBOT

Fin de journée et repos mérité sur Port-Elisabeth @Marion NEBOT

La bassine sera repêchée saine et sauve au petit matin du 3ème jour de transit. Le ménage de cette cabane est rapide tant elle est petite. Nous nous mettons rapidement en route vers la plage située au Nord pour y réaliser le suivi des insectes natifs au sein de 3 habitats distincts. Soleil et éléphants de mer nous accompagnent. Cet accompagnement n’est pas de refus avant d’aborder notre randonnée de 18 km où 2 gros dénivelés nous attendent : respectivement le Plateau du Larzac et le Plateau de Sauveterre pour arriver à Baie Charrier. Le passage entre ces 2 plateaux est animé par la vue d’une baleine franche au loin aperçue en premier lieu grâce à son souffle par Nicolas et Marion. Quelques minutes plus tard, c’est sa queue que nous apercevrons. Cette observation allégera nos jambes, qui seront alourdies quelques kilomètres plus loin pour Marion victime d’un ensouillage.

Notre site de manip pour le suivi d'insectes @Kevin LF

Panorama sur les hauteurs avant une bonne descente @Kevin LF

On pose pour la pause goûter @Kevin LF

Baleine en vue ! @Kevin LF
Gros ensouillage avant l'arrivée pour Marion @Kevin LF

Heureusement, notre arrivée en cabane de Baie Charrier ne tarda pas et sera accueillie par quelques rennes qui nous accueillent ainsi que des Albatros hurleurs qui nous survolent.

L'une des nombreuses montées à gravir mais accompagnés dans les airs @Kevin LF

La cabane de Baie Charrier et son joli cours d'eau @Marion NEBOT

La soirée ici sera courte puisque nous envisageons de nouveau de partir tôt demain matin pour Rivière du Nord afin de nous y reposer un peu plus longuement et profiter des paysages présents. Une fois n’est pas coutume, nous devons déchausser pour franchir la rivière des Chasseurs. Le Plateau Méjean sera le 2ème gros obstacle de la journée. Une alternance de pluie/grêle conclut notre transit jusqu’à la cabane de Rivière du Nord. Cette fois-ci, manchots royaux et papou mais aussi éléphants de mer (dont des gros mâles = les pachas) nous attendent de pattes et nageoires fermes.

Le plat nous permet d'avoir une vue sur le côté Est de la Péninsule Courbet @Kevin LF

Groupe de pachas à proximité de la cabane @Marion NEBOT

Pendant que Benoit et moi-même, nous effectuons un protocole d’étude aux abords de la cabane, Nicolas et Marion s’en vont pêcher à la rivière. La journée passa rapidement puisqu'un inventaire rapide des vivres présents dans les touques nous est demandé ainsi que l’inspection du générateur électrique. Le temps libre ici, par rapport aux cabanes précédentes, est mis à profit pour la cuisine : pizzas pour ce soir ! Ou plutôt à tenter de les cuisiner puisque le four, qui se révélera trop peu puissant pour la cuisson, n’aboutira qu’à une pizza à demi cuite après de très longues minutes d’attente. C’est aussi ça, les aléas de cabane. Néanmoins, notre humeur n’est pas affectée par ce léger accro et le lendemain matin nous sommes réveillés par un paysage digne d’une carte postale.
La baie des Cascades est baignée dans une lumière orangée/rosée. Les éléphants de mer se prélassent sur le sable et nous nous délectons de ces images du petit matin. Nous pouvons tourner au ralenti ce matin comme le dernier transit avec le retour est court.

La cabane de Rivière du Nord... derrière la rivière @Marion NEBOT

Lever de soleil sur la rivière, facile de se réveiller avec de tels paysages @Kevin LF

Il nous faut environ 2h pour rallier Cataractes en coupant par la terre. Notre arrivée peu avant midi nous laisse tout l’après-midi pour vaquer à différentes occupations. Ce sera essentiellement de la pêche. Nicolas, qui est déjà venu en campagne d’été en 2012, a de l’expérience pour la pêche en rivière et lac ici. Je m’inspire de ses bons conseils pour tenter de pêcher une belle truite. Il suffit de quelques minutes de coaching pour amorcer un beau duel d’une dizaine de minutes avec une belle truite mâle (visible à son bec). La lutte est longue mais je suis pas peu fier de la ramener sur le bord, aidé par Nicolas. La journée se termine dans la bonne humeur pour tous et mène à notre dernière soirée en cabane.

Photo souvenir à proximité d'un albatros hurleur pour Benoît @Marion NEBOT

Coaching gagnant de Nico, une belle truite pour le dîner ! @Marion NEBOT

Les 25 km qui nous séparent de Port-aux-Français nous obligent à partir tôt de Cataractes, et ce même si la météo du jour est moins bonne : brouillard et crachin au menu. Nous voyons difficilement au-delà de 10 m jusqu’à la moitié du transit. Une fois « Butte Ronde » passée, ça se dégage ! Le soleil et le ciel bleu prennent le pas sur nos conditions météo précédentes. Nous foulons la base après 5 jours, 115 km parcourus et 3400 m de dénivelé positifs gravis : un entraînement parfait pour les Jeux Olympiques de Kerguelen débutant le lendemain (le 27 Mars) !

Retour sur base dans le brouillard et crachin @Benoit SOLANS

Commentaires

  1. Merci pour le courrier et continuez à nous faire rêver. Quel plaisir de suivre votre aventure

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